Pendant la pandémie de la covid-19, les populations ont déployé leur imaginaire linguistique pour sortir du confinement physique et libérer ainsi des représentations sociales. C’est un champ de recherche qui s’est offert à nous et qui nous a permis de travailler l’articulation dialectique entre la crise sanitaire et la libération de la parole qui ressemble à un véritable déconfinement linguistique. Notre recherche s’appuie sur des formes linguistiques recueillies à travers les chansons, les réseaux sociaux, les médias traditionnels, les pancartes et autres encarts publicitaires, et nos propres contacts avec les populations gabonaises. Ces expressions témoignent aussi bien de la créativité lexicale des usagers de la langue française que de la dynamique des langues dans l’énonciation des souffrances et des espérances des peuples. Quelle ligne de force sociolinguistique traverse ce corpus africain ? Quelles en sont les marques idéologiques du lien entre le mal être du corps et la santé d’un continent ? Le traitement de ces questions confirme bien ce que disait Benveniste : « le langage nous enseigne la définition de l’homme ».